Le 9 novembre. Je suis retourné au Myanmar à la demande de nos partenaires commerciaux afin d’examiner la proposition de fouilles et de préparer une réunion avec la commission Spitfire gouvernementale. Ma visite a coïncidé par hasard avec l’Armistice, qui marque la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque les canons finirent par se taire. Le jour de l’Armistice est célébré chaque 11 novembre dans tout le Commonwealth. L’ambassade britannique avait appris que David et moi étions en ville et nous invita aimablement à participer aux commémorations au cimetière militaire de Taukkyan, en périphérie de Rangoun. Fondé en 1951, ce cimetière abrite les tombes de plus de 6 374 soldats du Commonwealth, 867 parmi eux restant inconnus aujourd’hui encore. Les colonnes de pierre du mémorial portent les noms de plus de 27 000 soldats du Commonwealth dont les corps ne furent jamais retrouvés, de jeunes hommes originaires d’Afrique, d’Inde, d’Australie et du Royaume-Uni. Sur l’une des inscriptions de la rotonde centrale, on peut lire « Ils sont morts pour tous les hommes libres» en birman, en hindi, en ourdou, en gurmukhi et en anglais.
La journée était lumineuse, avec un ciel matinal parfaitement bleu. Nous sommes arrivés tôt et avons été accueillis par des membres de la British Royal Legion, qui ont épinglé un coquelicot sur le revers de nos vestes, le symbole du souvenir et du respect. Des ambassadeurs, des attachés militaires, d’anciens vétérans de la campagne de Birmanie, leurs familles, des prêtres de l’Église anglicane et d’autres personnes étaient réunis pour présenter leurs hommages. Sur l’estrade, qui surplombait le petit groupe de vétérans vieillissants, leur poitrine fièrement décorée de nombreuses médailles, M. Andrew Heyn, l’ambassadeur britannique, cita la camaraderie et le courage, ainsi que la tristesse et les réalités brutales de la guerre. Le révérend David Judson Hogarth fut le suivant à prendre la parole. Il récita L’Ode du souvenir, extrait du poème de Laurence Binyon, « Pour les disparus ». Pour finir, un ancien vétéran de la campagne de Birmanie lut l’épitaphe de la bataille de Kohima du commandant John Etty-Leal.
Lorsque vous rentrerez chez vous
Parlez-leur de nous et dites-leur
Que nous nous sommes sacrifiés
Pour assurer leur avenir
Après une courte pause, deux représentants de la Tatmadaw jouèrent un morceau obsédant au clairon, Le dernier poste, qui fut suivi par deux minutes de silence. Puis ils entamèrent Le réveil, qui symbolise le soleil levant, l’espoir et le renouveau. Nous observâmes ensuite les ambassadeurs de vingt nations poser des couronnes dans la rotonde du mémorial. Ce fut un souvenir poignant des événements qui se déroulèrent ici, 70 ans plus tôt.
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