Le 19 janvier 2013
« L’archéologie est la recherche des faits. Il n’y a pas de vérité. Si c’est la vérité qui vous intéresse, le cours de philosophie du Docteur Tyree a lieu juste au bout du couloir. Oubliez toutes les idées que vous vous faites au sujet des villes englouties, des voyages exotiques et des fouilles autour du monde. Nous ne suivons pas de carte au trésor, et la croix ne marque jamais le bon emplacement. Soixante-dix pour cent des recherches archéologiques sont faites dans la bibliothèque. Cherchez. Lisez. »
Dr. Henry Walton "Indiana" Jones, Jr
“Indiana Jones et la dernière croisade” Scénario de Jeff Boam, histoire de George Lucas et Menno Meyjes.
Les archéologues professionnels grimacent souvent quand on les compare à Indiana Jones et aux aventuriers de l’Arche perdue, des films de Steven Spielberg et George Lucas, mais dans cette citation, le docteur Jones a presque raison. En fait, il a sans doute sous-estimé le pourcentage de temps passé à rechercher un projet dans les bibliothèques, les archives nationales et privées et, de plus en plus, dans le labyrinthe d’or et de scories qu’est Internet.
Avant même de monter dans l’avion pour Rangoun, l’équipe des Spitfire du Myanmar avait entrepris de se documenter de façon détaillée, surtout au Musée de la RAF et aux Archives nationales du Royaume-Uni, à Kew. Tout cela pour mettre en place l’histoire des Spitfire perdus de la RAF de Mingaladon, et d’établir son contexte, non pas grâce à la mémoire faillible et sélective des témoins d’époque, mais grâce à l’évidence des informations consignées par les autorités militaires et le gouvernement en 1945 et 1946, pendant la période où la légende et les rumeurs autour des Spitfire enterrés de Mingaladon se sont répandues.
La recherche documentaire commença presque dès la publication de l’histoire des Spitfire birmans dans le Daily Telegraph au printemps 2012. D’abord ce n’était qu’un dossier fourni par David Cundall, mais il s’est rapidement agrandi pour contenir une recherche approfondie sur le contexte historique, et en octobre 2012, trois spécialistes s’y dédiaient, interviewant les témoins et les experts engagés pour réaliser le documentaire sur la recherche des Spitfire par David Cundall, par la production Room 608.
Cette utilisation détaillée et objective de toute la documentation disponible est vitale, car en archéologie, le contexte fait tout.
Un objet recouvert par la terre n’est qu’un objet, même quand il s’agit de quelque chose d’aussi beau et emblématique qu’un Spitfire. En revanche, un objet situé dans un terrain pouvant être étudié à la lumière d’un contexte documentaire et physique devient une histoire profonde, avec une résonnance et une valeur liées à un certain moment, un certain endroit et des personnes précises.
Salle de lecture de la "British Library"
Tout notre travail de recherche fut consacré aux questions générales suivantes, conçues pour nous fournir des informations afin d’établir l’histoire des Spitfire enfouis selon la réalité perçue et mémorisée par les gens de 1945/1946, et pour transposer ce contexte aux recherches entreprises à l’Aéroport international de Rangoun, dans le quartier de Mingaladon.
Nous avons également cherché des questions détaillées au sujet du contexte physique du site de l’Aéroport international de Rangoun.
[Nous considérons comme irresponsable, profondément irrespectueux envers les hommes et les femmes disparus ainsi que leurs familles, ainsi que potentiellement mortel d’entreprendre une excavation sur un site militaire sans prendre en considération un tel risque, qui devrait être envisagé par des professionnels sur le terrain. Dans notre cas, ce travail a été mené par le directeur de campagne Martin Brown, qui possède une longue expérience des liaisons avec les autorités chargées des disparus de diverses nations par son travail sur le « Plugstreet project » en Belgique et par l’équipe d’organisation de l’environnement infrastructurel de défense historique ainsi que par l’archéologue de terrain et spécialiste des munitions non explosées Rod Scott, et récemment par les Royal Logistics Corps.
Nous débutons maintenant la phase du projet où l’on verra le travail de recherche en bibliothèque transféré sur le terrain, où il permettra d’informer, modérer et peut-être être contredit par le travail d’excavation mené par l’équipe de Martin Brown, soutenu par Rod Scott et le chef des opérations d’excavation Manny Mercado. Pour utiliser le langage des archéologues de terrain, l’équipe a commencé à « vérifier le terrain » des légendes de Mingaladon, testant les théories et les documents de recherche face à l’évidence du sol. Les documents nous racontent une part de l’histoire, souvent fascinante et vivante, même quand elle décrit la minutie de la bureaucratie militaire britannique ; mais à l’instar des principes d’Indiana Jones, il n’y a pas de croix à l’emplacement où creuser. Même la géophysique ne fait que suggérer des cibles potentielles où l’équipe devra mener des recherches.
Toutefois, pris dans leur ensemble, les documents commencent à raconter une histoire importante et humaine au sujet de ce qu’il s’est réellement passé à la RAF de Mingaladon quand la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin et que le peuple birman luttait et se préparait à l’indépendance. Nous sommes sur le point de savoir si cette histoire est cohérente avec la légende de Mingaladon, et si elle est corroborée ou contredite par ces « faits de terrain ».
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