Le 20 janvier 2013
Bonsoir de Rangoun ! Les géophysiciens sont partis sur ce projet sur les chapeaux de roues. En comparaison avec d’autres thèmes de cette recherche, la géophysique ne demande que peu de soutien et/ou de permissions ; tout ce dont une équipe de géophysiciens a besoin, c’est de quelques litres d’eau, et Roger Clark (moi-même) et Andy Merritt pouvons travailler sérieusement pendant quelques jours. Tout compte fait, je suis très content de travailler au Myanmar : c’est parfois un peu frustrant de devoir attendre pour obtenir des permis, mais en de telles conditions d’humidité je me demande si ce n’est pas nous, gens de l’ouest, qui nous fourvoyons en demandant à nous mettre en action immédiatement !
En parlant de conditions climatiques…
Pendant l’étude de 2004, je me trouvais ici pendant la mousson, quand il pleuvait comme je ne l’avais jamais vu. Le terrain était un vrai marécage, et il faisait humide et pas trop chaud. Présentement, en janvier, il fait à la fois humide et chaud : le sol sec rend les conditions d’étude bien meilleures, mais en contrepartie cette humidité ambiante sape réellement le moral. La personne qui ressent cela le plus intensément dans l’équipe est Andy ; une de nos tâches importantes est de concevoir un modèle numérique du terrain du site, et pour cela Andy a passé son temps à marcher équipé d’un système GPS différentiel Trimble. Je me plains de la chaleur, mais je ne la ressens pas à côté d’Andy, qui a réalisé une randonnée de 17 km il y a quelques jours !
Image : GPS différentiel Trimble
La modélisation du terrain est une chose très importante pour les archéologues de conflit, car les inégalités topographiques du site peuvent être de bons indicateurs de quelque chose d’enterré ; qu’il s’agisse d’un Spitfire ou d’une pièce importante d’un puzzle historique. Toutefois, caractériser les causes d’apparition d’une bosse requiert d’échantillonner le sol de surface et de subsurface. Tandis qu’Andy progressait dans sa marche, Roger et moi travaillions à étendre la grille de couverture du 2004 EM-34 (notre appareil de relevés électromagnétique). Cependant, une comparaison directe des réponses obtenues en 2004 et en 2013 avec l’EM présente des difficultés, étant données les deux saisons différentes pendant lesquelles ont été faits les relevés : le premier pendant la mousson, le dernier pendant la saison sèche. Nous avons pourtant observé une anomalie intéressante qui pourrait correspondre à une voie qui devait jadis traverser le site de l’aéroport, potentiellement la route sur laquelle le vétéran Stanley Coombe se tenait quand il vit des caisses dans la base. Je vous en dis plus très bientôt !
L’outil géophysique que je déteste le plus est le tomographe par résistance électrique ; c’est simplement un gros voltmètre pour le sol. Ce qui me le rend si antipathique ce sont ses 48 électrodes qu’il faut enfoncer dans le sol dur comme de la pierre à coups de marteau sur chaque point d’étude. Mes mains sont aujourd’hui pleines de cloques ! Même si j’aimerais mettre tout cet appareil à résistivité de côté, il fournit tout de même des données intéressantes et utiles, potentiellement liées à d’anciennes zones de l’infrastructure de l’aéroport. Si nous confirmions cela en creusant, cela pourra aider les archéologues de conflit à comprendre précisément la disposition du site.
Image : Équipement tomographique par résistance électrique
Demain, nous chercherons à fixer la position de l’ancienne voie grâce au magnétomètre Geonics G-858. Un grand nombre de caractéristiques archéologiques sont typiquement associées à des perturbations du champ magnétique terrestre, que nous pouvons détecter et cartographier. Le G-858 a une meilleure résolution que l’EM-34, et donc, guidés par la base de données électromagnétique, nous pourrons marquer précisément un site où creuser pour trouver cette voie. Je suis le « responsable » du magnétomètre, alors je ressentirai la douleur d’Andy, car de même que le GPS, les relevés magnétométriques demandent de beaucoup marcher, et de se baisser sans cesse… souhaitez-moi bonne chance !
Image : Magnétomètre G-858
Pour conclure, voici quelques-unes des statistiques vitales pour notre travail géophysique déjà effectuées :
Les fouilles archéologiques seront orientées selon ces résultats, alors attendez-vous à trouver des références géophysiques dans les futurs articles d’Andy !
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